La France et ses trains
TGV, RER, TER et consors

La France et ses trains TGV, RER, TER et consors
Transcription :
TGV, TER, RER, ces noms vous sont certainement familiers, mais ils se déclinent en de multiples autres appellations et ce ne sont que quelques-uns des trains de voyageurs qui circulent sur le réseau ferré national français, aux côtés des Intercités, des Transiliens, des Eurostar et autres Nightjet ou Léman-Express. Alors à quoi correspondent tous ces noms ? Quels sont ceux qui finalement nous permettront de parvenir à notre destination ? Comment se fait-il que SNCF-Connect l'application la plus utilisée pour réserver des billets de train ne propose pas toutes les relations existantes dans notre pays ? C'est ce que l'on voit dans ce nouveau numéro, bonjour et bienvenue dans Aiguillages !
Il fut un temps ou voyager en train était plutôt simple. La SNCF s'occupait de tout ! Qu'il s'agisse pour vous d'aller travailler, de partir en vacances ou de vous déplacer dans le cadre d'un voyage d'affaires, l'entreprise publique avait un train de banlieue, régional ou de grande ligne à vous proposer. Quant au tarif, ce n'était pas très compliqué non plus, vous aviez le choix entre deux classes (trois jusqu'en 1956), et le prix de votre voyage était calculé en fonction de celle-ci, mais surtout du nombre de kilomètres à parcourir et il était fixe. Quel que soit le type de train que vous empruntiez, que vous parcouriez une courte ou une longue distance, que vous fassiez un aller simple ou un aller-retour, le barème était le même. Pour connaître le prix d'un voyage en train, la formule était très simple. Il suffisait de multiplier le barème kilométrique établi chaque année par l'Etat pour la classe choisie, par le nombre de kilomètres à parcourir. Et pour cela, on pouvait se référer à une bible : l'indicateur Chaix qui paraissait plusieurs fois par an et en plusieurs éditions régionales pour fournir au public l'ensemble des horaires des chemins de fer, et lui permettre de calculer avant de se rendre à la gare le prix du trajet envisagé. Comme vous l'avez sans doute constaté si vous prenez le train, nous ne sommes plus du tout dans cette logique-là !
C'est que les temps ont changé !
Je vous ai expliqué dans un précédent épisode comment de réformes en réformes et sous la pression de l'ouverture à la concurrence la SNCF a été amenée à se transformer profondément, ce qui fait qu'aujourd'hui même si c'est encore le plus souvent elle qui opère sur le territoire national, elle le fait désormais via des filiales qui pour certaines ont développé des marques, ou encore en coopération avec d'autres entreprises ferroviaires ce qui est souvent confondu avec une situation de concurrence, mais qui dans ce cas de figure n'est pas exact. Autre signe que les temps ont changé, la physionomie du réseau sur lequel ces trains circulent a elle aussi beaucoup évolué au cours de ces dernières années. Il suffit de consulter une carte du réseau ferré national pour s'en convaincre.
D'ailleurs, je vous conseille à ce propos Cartotrain, qui est un excellent outil développé par un passionné de cartographie dont je soutiens le travail en en assurant la diffusion.
Cartotrain ressemble comme deux gouttes d'eau à une carte routière, mais c'est une carte ferroviaire, la seule en son genre. Il en existe à l'heure actuelle deux éditions : France et Europe que vous pourrez vous procurer dans la boutique du site www.aiguillages.eu, je vous mets le lien en description. Cette carte reprend le tracé des 28 000 km de lignes encore exploitées, je dis encore parce que ce chiffre a bien baissé depuis la création de la SNCF en 1938. À cette époque, son réseau était constitué de 42 700 km, auxquels il convient d'ajouter 20 000 km de voies ferrées d'intérêt local créées et exploitées par les départements. Sous la double concurrence de la route et de l'avion, la moitié de cette infrastructure a été démantelée et ce n'est pas la construction des lignes à grande vitesse destinées aux seuls TGV qui viendront renverser cette tendance puisque seulement un plus de 2 000 km de lignes nouvelles ont été créées pour lui, ce qui est loin de compenser les dizaines de milliers de kilomètres de voie ferrées perdues. Modeste lot de consolation, le réseau ferré français se hisse sur la deuxième marche du podium Européen derrière l'Allemagne qui a conservé un peu plus de 38 000 km de ligne, mais devant la Pologne qui en compte 19 000, l'Italie et le Royaume-Uni un peu plus de 16 000 chacun et l'Espagne un peu plus de 15 000. Tous les autres pays de l'Union européenne ainsi que la Suisse entretenant des réseaux ferrés dont la longueur est inférieure à 10 000 kilomètres. Dernier petit détail à prendre en considération avant de s'intéresser aux différents types de trains qui empruntent le réseau ferré français, son organisation très spécifique à notre pays. En jetant un coup d'oeil à la carte du réseau ferroviaire français, on se rend immédiatement compte de ce qui le caractérise le mieux.
Son organisation délibérément parisiano-centrée !
Ceci est un héritage du passé. À la différence de la plupart de nos voisins européens, la France s'est construite autour d'un pouvoir très centralisé par opposition à d'autres pays qui se sont constitués en fédérant différentes régions. Dans la droite ligne de cette tradition française, chez nous, les chemins de fer ont été développés en étoile autour de Paris, selon les plans d'un certain Baptiste Alexis Victor Legrand. Une approche baptisée « l'Etoile de Legrand » dont on a bien du mal à sortir du reste pas loin de deux siècles après l'ouverture de la première ligne de chemin de fer en France. Demandez par exemple à l'application SNCF-Connect quelle est la meilleure façon de se rendre de Bordeaux à Lyon et elle vous proposera de passer par Paris, ce que vous ne feriez évidemment pas si vous preniez la route ou l'avion ! Un choix qui a naturellement des conséquences sur le prix du billet dont vous aurez à vous acquitter, car même si officiellement il y a bien longtemps que celui-ci n'est plus calculé uniquement en fonction de la classe choisie et du nombre de kilomètres parcourus, cette distance à bien entendu des conséquences sur ce prix. D'autant qu'en France, il existe une autre caractéristique particulière. Le mode de financement du réseau. Celui-ci est vieillissant et demande de lourds investissements pour sa pérennisation et sa modernisation, et malgré de multiples annonces, les budgets tardent à être débloqués. En attendant, on pare au plus urgent en prélevant une taxe à chaque passage d'un train sur une portion du réseau. Ces péages représentent 40 % du prix des billets grandes lignes et sont calculés en fonction du nombre de kilomètres parcourus, alors forcément, ils commencent à peser un peu sur le prix payé par les voyageurs qui les empruntent.
S'il faut bien se faire une raison et partir de Paris ou y passer pour atteindre sa destination finale quels sont les trains qui nous y emmèneront ? La plupart d'entre eux sont exploités directement ou indirectement par SNCF-Voyageurs une filiale du groupe SNCF.
Autour de Paris, l'entreprise prend en charge la circulation de trains de banlieue pour le compte d'Île-de-France Mobilité, l'Autorité Organisatrice des Mobilités pour la région Île-de-France, sous le nom de Transilien. Ces lignes comprennent la partie Ouest du RER A, et la partie Nord du RER B, ainsi que les trois autres lignes de RER : C, D et E dans leur intégralité. Transilien, exploite également les lignes de banlieue H et K depuis la gare du Nord, J et L depuis celle de Saint-Lazare, N depuis Paris-Montparnasse, P depuis Paris-Est, R depuis Paris-Lyon, ainsi que les lignes U et V.
En région, SNCF-Voyageur exploite l'intégralité des lignes des TER Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne (sous le nom de TER BreizhGo), Centre-Val-de-Loire (baptisé Rémi), Grand-Est (sous la marque Fluo), Normandie (sous le nom Nomad Train), Nouvelle Aquitaine, Occitanie (baptisé liO Train), Pays-de-La-Loire (Aleop en TER). Tout, récemment, la donne a changé dans trois régions qui ont ouvert à la concurrence l'exploitation de leurs réseaux de Trains Express Régionaux et SNCF-Voyageurs a créé trois nouvelles filiales dédiées aux lignes dont elle a remporté le marché. SNCF-Voyageurs Sud-Azur pour exploiter les lignes de l'étoile de Nice en région Paca, SNCF-Voyageurs Etoile d'Amiens, celles autour d'Amiens dans les Hauts-de-France et SNCF-Voyageurs Loire Océan pour l'exploitation du tram-train autour de Nantes.
Au plan national, SNCF-Voyageurs assure la circulation des Trains d'Équilibre du Territoire, c'est-à-dire des relations traversant plusieurs régions, dont l'autorité organisatrice est l'Etat. Elle le fait sous la marque Intercités. De jour, ils assurent depuis Paris des relations vers Clermont-Ferrand et Toulouse, de nuit, Toulouse, Rodez, Latour-de-Carol, Cerbère, Tarbes, Briançon, Nice et Aurillac. Les autres lignes sont des transversales entre Bordeaux-Toulouse et Marseille, Béziers et Clermont-Ferrand, Nantes et Bordeaux, Nantes et Lyon, Toulouse et Hendaye et Nancy-Lyon, ce dernier service venant d'être repris après quelques années d’interruption. À noter que les lignes Bordeaux-Marseille et Nantes-Lyon qui ont fait l'objet d'un appel d'offres dans le cadre d'une procédure d'ouverture à la concurrence, ont été de nouveau confiées à SNCF-Voyageurs pour les 10 prochaines années.
Toujours au plan national, mais relevant de la catégorie des Services Librement Organisés c'est-à-dire mis en place sans aucune sans la tutelle d'une autorité organisatrice et par conséquent sans aucune subvention, SNCF-Voyageurs par le biais de sa filiale Oslo a ouvert des lignes baptisées OuiGo Train Classique. Depuis que l'expérimentation mise en place entre Paris et Lyon a été arrêtée, de nouvelles lignes ont été ouvertes vers l'Ouest de la France et la Belgique. Jusqu'à trois allers-retours sont ainsi quotidiennement proposés entre Paris et Nantes, deux entre Paris et Rennes. Depuis quelques semaines, une nouvelle relation est proposée entre Bruxelles et Paris en collaboration avec la SNCB, l'entreprise gérant les chemins de fer Belge.
Enfin, SNCF-Voyageurs en nom propre assure la circulation de différents types de TGV en France et à l'international, sous les marques TGV Inoui desservant 200 relations dans l'hexagone et en Europe, et TGV OuiGo, son offre Low Cost. L'entreprise a créé une filiale baptisée « SNCF Voyages Développement » pour contrôler le capital d'Eurostar Group et exploiter des TGV vers l'Allemagne, la Belgique, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas. L'entreprise a également passé des accords avec la Deutche Bahn pour mettre en place une relation entre Paris et Berlin sans correspondance. Celle-ci est assurée par des trains allemands de type ICE. Ils desservent au passage les gares de Francfort, Karlsruhe et Strasbourg. Trois fois par semaine ce même trajet peut-être réalisé de nuit, grâce cette fois-ci à une coopération entre SNCF-Voyageurs et les chemins de fer autrichiens. Il s'agit de l'une des lignes baptisées « Nightjet » mise en place par l'entreprise OBB.
Pour développer les relations ferroviaires entre la France et la Suisse, la SNCF et les CFF, les chemins de fer fédéraux ont créé une entreprise commune pour exploiter un service de trains à grande vitesse baptisé « Lyria ». Celle-ci assure des circulations depuis Paris vers Bâle, Genève, Lausanne ou Zurich. En période estivale, les TGV Lyria desservent également les gares françaises de Marseille, Aix-en-Provence et Avignon. Une autre filiale commune celle-ci à SNCF-Voyageurs et aux CFF baptisée « Lémanis » assure l'exploitation du Léman-Express, un Réseau Express Régional Transfrontalier autour de Genève, desservant également les villes d'Annecy, Annemasse, Belgarde-sur-Valserine, Coppet, Evian-les-Bains et Saint-Gervais-les-Bains.
Il existe une dernière filiale de SNCF-Voyageurs que je n'ai pas encore évoqué. Elle ne transporte pas de voyageurs, mais son rôle est important pour comprendre comment fonctionne les trains en France. Il s'agit de SNCF-Connect & Tech. C'est elle qui développe l'application la plus utilisée pour réserver des billets de train dans l'hexagone. : Sncf-Connect. Sa vocation est d'assurer la vente des billets de train directement exploités par sa maison mère, voilà pourquoi certains trains qui circulent pourtant quotidiennement dans notre pays sur le réseau de la SNCF, n'apparaîtront jamais dans les résultats de vos recherches et ne seront pas réservables par son intermédiaire. Entre Paris et Lyon et vers l'Italie via la ligne de la Maurienne et très bientôt Marseille circulent ainsi les Flèches Rouges de l'entreprise Italienne Trenitalia. Entre Lyon ou Marseille et Barcelone et Madrid, les trains à grande vitesse de l'Espagnole Renfe. Ces relations, sont invisibles sur cette application. Et pour cause, loin des bonnes et courtoises relations de coopération que je vous ai décrites un peu plus tôt établies avec la Deutche Bahn, les CFF, la SNCF ou OBB, il s'agit là de pure concurrence. Mais ça, c'est un autre sujet que j'ai largement abordé dans ce précédent numéro d'Aiguillages.
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