La renaissance de la locomotive de la Flèche d'Or ?
(AAATV - Saint-Pierre des Corps)
La renaissance de la locomotive de la Flèche d'Or ? (AAATV - Saint-Pierre des Corps)
Transcription :
Elle n’a roulée que 25 ans environ, mais c’était déjà la période de la fin de la grande époque de la vapeur à la SNCF. Elle était régulièrement alors placé en tête du prestigieux exprès la Flèche d'Or, avant de s’endormir pendant une quarantaine d’années, où elle était exposée comme un monument public, avant qu’une association de passionnés ne se lance dans sa préservation. Je vous raconte aujourd’hui, l'histoire de la sauvegarde de la 231 E 41 et de sa possible renaissance.
Cette locomotive est une ancienne Pacific qui fut transformée dans les ateliers Fives-Lille de Tours par l'ingénieur André Chapelon afin d'en améliorer le rendement. Elle fut mise en service en 1938 et attachée au dépôt de Calais ou elle fut radiée en 1963. Si elle a failli rejoindre le musée du train de Mulhouse quelques années plus tard, c'est l'une de ses consoeurs qui a finalement été choisie à sa place, et la 231E41 en a été réduite à être exposée au public à Saint-Pierre des Corps non loin des ateliers ou elle avait vu le jour.
Mais c'était compter sans une poignée de passionnés qui s'est émue du sort réservé à cette machine, dont l'état général ne cessait de se dégrader. Une section locale fut créée au sein de l'Amicale des Anciens et Amis de la Traction Vapeur pour prendre en charge sa préservation. Première étape, le transfert de la machine pour sa mise à l'abri dans un ancien atelier de la SNCF à quelques pas de la gare. Ici, les Tourangeaux, les passionnés ou même les simples curieux s'intéressant quelque peu au patrimoine peuvent venir lui rendre visite essentiellement lors des Journées du Patrimoine. Ils rencontreront alors les bénévoles qui s'affairent 1 samedi sur 2 sur la locomotive motivés par un objectif au long cours.
C’est un projet un peu faramineux, c’est fou, c’est une machine qui n’a pas roulé depuis plus de 50 ans ! On ne sait pas trop dans quel état elle est. Il y a des expertises en cours, mais le projet c’est effectivement de la refaire rouler, avec sa propre énergie, la vapeur, sur les voies ferrées françaises.
L'état général de la chaudière d'une locomotive à vapeur est l'un des points essentiels à vérifier pour savoir si une machine est apte à rouler. En ce qui concerne celle de la 231E41, la question est surtout de savoir si celle-ci est réparable, ou s'il faudra envisager de passer par l'acquisition d'une chaudière neuve. La décision dépendra des résultats d'une expertise en cours.
C’est la chaudière qui va déterminer la suite des opérations. Elle a subi des avaries, elle est en cours d’expertise. Pour l’instant on a pas de points négatifs, on n'a pas de points positifs. On attend. Il n’y a pas de veto. Il y a peut-être un espoir. C’est une chaudière de Pacifique 231, l’ensemble fait environ 25 tonnes, qui était monté sur un châssis de locomotive Pacifique Chapelon. C’est un monument puisque maintenant il reste plus que deux exemplaires au monde, celle qui se trouve en bon état, à la Cité du train à Mulhouse, et celle qui est derrière moi. C’est pour ça qu’on souhaite la faire revivre, que au moins on est deux exemplaires, et qu’au moins un circule. C’est une machine mythique, elle tirait sur le réseau Nord SNCF le train de prestige la Flèche d'Or. Train qui emmenait les passagers de la gare Paris-Nord à Calais où ils embarquaient sur un bateau pour aller à Douvres, et à Douvres ils prenaient un nouveau train de luxe, pour aller à Londres. Il y a beaucoup de raisons ... il faut avoir un espoir qu’elle remarche un jour.
Un projet qui est évidemment très lourd à supporter financièrement, et qui prendra des années. Heureusement l'AAATV qui le porte est soutenue par la ville de Saint-Pierre des Corps qui met à sa disposition ce bâtiment de 2200 mètres carrés, appelé la halle aux avions. Il avait été construit pendant la guerre par les américains, mais n'a jamais vu d'avion. C'est la SNCF qui l'a racheté ensuite pour y abriter ses magasins généraux. Autre soutien de taille, une fondation d'entreprise a été créé. C'est elle qui finance les plus gros travaux. Pour séparer la chaudière du châssis de la locomotive il a par exemple fallut faire appel à une grue.
On a prospecté dans la région, auprès des entreprises de levage. Quand on expose le projet, toutes les entreprises adhèrent, et moi je suis surpris de cette adhésion. Cette entreprise c'est Poly-service on peu la mentionner, parce que c'est un gros effort. Ils sont venus avec une grue de 200 tonnes pour soulever le corps de chauffe et tout ça gracieusement, au profit de l’Amicale. Je pense que c’est un bon coup de chapeau qu’on peut leur donner.
Il faut dire que cette locomotive ne laisse pas un tourangeaux indifférent
Ça faisait 40 ans qu’elle se trouvait au même endroit, donc il y a une génération voire deux qui ont joué autour de cette locomotive, voire dessus ou dedans ! Donc lorsqu’elle est partie, les gens étaient un peu ému bien sûr. Elle est pas loin, mais ça représente le patrimoine ferroviaire de la Touraine et principalement de Saint-Pierre-des-Corps, qui est aussi une cité ferroviaire avec son techni-centre, la gare de Saint-Pierre. Donc c’est du patrimoine régional, communal … et bien sûr national. Ils sont surpris de l'a voir comme ça, parce qu'ils l’ont toujours vue en entier. Alors, on prévient les gens. Quand on nous appelle on dit : vous ne l'a verrez pas dans l’état dans lequel vous l’avez connue. Et on leur explique. On leur dit qu’elle ne restera jamais comme ça. Au pire, si on peut pas la restaurer et la faire re-fonctionner, on la remontera visuellement. Donc, on a pas de mauvaises impressions de la part des habitants de Saint-Pierre. Au contraire.
A l'occasion des journées du patrimoine, les curieux étaient très nombreux à se presser autour de la machine et à écouter les explications des différents guides.
Là je suis devant le corps central, le corps de chauffe, où il y avait toutes les tubulures de fumée, de vapeur. Et il y avait environ 10 tonnes d’eau dans la chaudière quand elle fonctionnait. Aux deux extrémités, le foyer qui faisait un peu plus de 4 m² de surface, et à l’autre extrémité, l’échappement avec ce qu’on appelle la boîte à fumée. La cheminée, donc le corps, et l’échappement. Devant le corps de chauffe se trouve le châssis où est entreposé la chaudière, et qui va prochainement être levé pour pouvoir accéder au train de roulement, aux essieux. On découvre au fur et à mesure des travaux, l’importance de ces travaux, mais on est pas naïfs on sait très bien que ça va être difficile, et qu’on va découvrir dees choses qui vont peut-être pas nous faire plaisir, mais on le sait. Donc on va découvrir en soulevant le châssis l’état des essieux et on verra aussi pour les envoyer normalement à l’étranger pour une réfection totale. Il faut pas être optimiste, mais il faut pas être non plus trop négatif. On est au XXIe siècle, il y a des pays qui font aussi de la restauration. Notamment les anglais qui ont fait un travail formidable avec des épaves de locomotives. Donc nous on peut faire pareil. Pourquoi pas ? Il faut du courage, il ne faut pas baisser les bras, rien est acquis, rien n’est perdu. Pour nous non plus on a bon espoir !
Pour l'heure le projet est dans la phase démontage de la locomotive, dont on trouve les morceaux en différents endroits du hall.
On est devant la plate-forme de conduite que l’on a démontée de la locomotive. Là où se trouvaient le chauffeur et le mécanicien. Avec le gueulard. On voit l'état, au bout de 50 ans d'inexploitation. C’est de la tôle … on a tout espoir de la restaurer. A côté, vous avez une pièce qui est aussi une pièce de la machine, c'est l’inverseur du sens de marche. Et d'inverseur du sens d'admission de la vapeur dans les cylindres. C’est une pièce assez monumentale que manœuvrait le mécanicien pour inverser le sens de marche de la machine. Un peu plus loin vous avez les manomètres de pression qui ont été restaurés par un passionné aussi, de cette technologie. Les manomètre de la machine. Des pièces aussi importantes et sensibles dont certaines avaient été dérobées, d’autres ont été conservées et réparées. On a retrouvé des pièces authentiques de ce type de locomotive. Derrière moi, vous avez le compresseur de frein, qui a été restauré entièrement par des gars comme vous avez devant nous là. La turbine qui produisait l’électricité, qui l'a fournissait à la rame, à la machine. La pompe qui fournissait l’eau autour du foyer. Je grossis pour ne pas rentrer dans les détails. Il y a aussi des ballonnets de préchauffage qui se trouvent là, en cours de restauration. On a les documents, les schémas de cette machine. Malheureusement il manque le livret de circulation, le livret de bord. Il a été perdu, ou égaré ou conservé par un amateur. Normalement le livret de bord ne devrait pas être détruit tant que la machine n’est pas détruite. C’est comme une carte grise de véhicule. On a aucune idée pour l’instant ou il se trouve. On a cherché de partout aux archives nationales de la SNCF, on a pas trouvé trace de ce livret qui permettrait de savoir les avaries qu’elle a eu le temps de son service. Maintenant on a tous les plans de ces machines. Donc on peut refaire des pièces à l’identique. On va se servir de ces plans là pour l’instant. Bien sûr toutes les pièces sont démontées précautionneusement. Elles sont prises en photo avant le démontage, prises en photo pendant le démontage, prises en photo et étiquettées après le démontage, et mises sur des supports numériques, parce que bien sûr, ce n’est peut-être pas nous qui allons remonter cette machine dans 10 ans 15 ans, donc il faut garder une trace. On sera les premiers à avoir fait les démarches. Il faut penser aussi à ceux qui vont la remonter. Tout est bien cataloguén pour que les gens qu’il ne soit pas dans l'incertitude.
Un chantier de très longue haleine à la fin duquel on reverra peut-être circuler sur les voies du réseau ferré national cette machine, dernière survivante avec celle exposée à la Cité du Train d'une série de 48 construites. Des locomotives taillées pour la vitesse puisqu'elles roulaient à 120 km/h, qui malgré les efforts de l'ingénieur André Chapelon pour en améliorer le rendement, auront été victimes de leur gourmandise. 1 tonne 3 de charbon et 10 000 litres d'eau au 100 km, la traction électrique ou diesel s'avérant beaucoup plus économique n'a pas tardé de les supplanter à partir de la fin des années 60. La restauration de cette locomotive prendra encore des années, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues pour aider la 10aine de bénévoles actuellement présent sur le chantier, mais des compétences dans les métiers en voie de disparition tel le fraisage, le tournage ou encore la chaudronnerie, sont particulièrement recherchées. La section locale de l'Amicale des Anciens et Amis de la Traction Vapeur à Saint-Pierre des Corps dispose d'un site web consultable à l'adresse 321e41.fr.
La Petite histoire
du RER C
Il y a 50 ans ... Paris-Bastille
Rencontre avec Didier Leroy
Mini-inventaire
du patrimoine ferroviaire
Le Train d'Extinction et de Sauvetage
de Lausanne
- © Aiguillages 2024