Le Musée Ho de la Seine Maritime
Le Musée Ho de la Seine Maritime
Transcription :
Alors évidement dit comme ça, il n'est pas évident que vous sachiez ou se trouve Le Caule Sainte Beuve. C'est un petit village qui se situe en Seine Maritime, en gros à mi-chemin entre Amiens et Rouen. Moins de 500 âmes y vivent, mais on y trouve et c'est bien là l'essentiel, un passionné de chemin de fer, qui vient d'ouvrir dans sa cidrerie "Le musée Ho de la Seine Maritime". Dominique Leroux produit sur place du vinaigre de cidre vieilli pendant 4 à 5 ans dans des fûts en chêne, et obtenu à partir d'une douzaine de variétés de pommes dont certaines avaient purement et simplement disparues de la région.
Dans les années 60-70, les pommiers de Auvent avaient disparu du paysage normand parce qu’ils n’étaient plus assez rentables. Ma carrière de nutritionniste en production animale m’a permis d’apprendre que c’est une erreur d’avoir détruit tous les pommiers d’antan, qui étaient d’une forte richesse d’un point de vue gustatif et d’un point de vue écologique. Dans la cidrerie qui fonctionne aujourd’hui, avec ma femme on a planté des pommiers haute-tige il y a 25 ans, et on produit en moyenne 5 000 à 10 000 bouteilles de cidre et de vinaigre de cidre dans l’année, qu’on vend autour de nous.
Pas de train pour transporter la production jusqu'aux marchés les plus proches, mais une maquette ferroviaire à découvrir. Elle occupe tout un étage d'un bâtiment de l'exploitation agricole.
A l'époque du tournage de ce reportage, elle était encore assez largement en construction, mais depuis le printemps 2016, le petit musée a commencé à recevoir ses premiers visiteurs. La pièce mesure environ 70 mètres carrés et le réseau en occupe à peu près la moitié.
La plaque fait 6 mètres par 5 mètres, donc ça fait à peu près 30m² de réseau, j’ai à peu près 200m de voie dans lesquelles sont inclus à peu près 30m de réseau Faller.
Un système de circulation de véhicules routiers, que Dominique a modifié pour en améliorer les performances d'origine.
J’ai eu la chance de rencontrer un jeune ingénieur qui m’a apporté beaucoup, au départ j’ai fait fonctionner le Car Faller comme le système classique qui est très bien, pour démarrer c’est un très bon système, le fait est que quand on a 1, 2, 3, 4 voitures ça se passe bien avec le Car Faller classique, le problème c’est quand on passe 10 véhicules, on n’arrive plus à gérer. Donc avec un jeune ingénieur on a fait un système de classement de véhicules qui arrive sur une plateforme que j’appelle « parking », et là les véhicules seront identifiés sur chaque voie et repartent en fonction de la capacité de stockage du parking. Donc c’est automatisé avec un ordinateur, les véhicules doivent être identifiés, et c’est l’ordinateur qui fait le reste.
La lumière, et en particulier les rayons de soleil, ne sont pas les amis des modélistes. Quand ils tapent sur la maquette, ils peuvent même perturber le bon fonctionnement d'un système tel le Car Faller. Pour la prise de courant et le suivi du parcours par les véhicules sur la maquette le système a par conséquent été modifié. Des morceaux de feuilles d'aluminium ont été placées sous les véhicules pour optimiser le fonctionnement des capteurs infra-rouge.
On a deux systèmes : les capteurs à effet hall, qui sont bien, qui ont des limites parce que comme les Car Faller vont quand même à une certain vitesse, ça donne une information mais ça ne donne pas forcément le temps de l’arrêter, l’infrarouge est beaucoup plus précis. Donc pour le parking, comme c’est des portions un peu plus serrées, on a mis l’infrarouge.
Il faut dire que notre hôte n'en est pas à sa première expérience de modéliste ferroviaire, cette nouvelle maquette est même le 4ème réseau dont il est l'auteur.
Comme tout le monde, j’ai commencé par un petit réseau, avec une plaque de 2 mètres sur 1.50 mètres, quand j’avais 10 ans. Progressivement, j’ai affiné mes connaissances et je suis arrivé à faire un réseau, j’ai voulu qu’il soit complètement en analogique, pour rester dans le but du jeu et m’amuser avec les boutons plutôt que … Moi, je ne suis pas de l’ère informatique.
Sous le réseau, des gares cachées ont été aménagées pour permettre à Dominique de choisir les rames que le public a envie de voir circuler sur le circuit principal. Pour y accéder ou en sortir, les trains parcourent une rampe hélicoïdale. Une bonne vingtaine de convois peuvent y prendre place.
En dessous, j’ai 3 gares souterraines de chacune 9 voies, et je mets 8 trains par gare pour garder toujours une voie de sécurité. Ma rame la plus longue fait 4.50 mètres, donc je peux y mettre 10 wagons de voyageurs, qui font en moyenne 30 cm donc avec la loco ça fait 3.50 m, et il faut prévoir facilement 50 cm de temps d’arrêt. Par exemple, je choisis -1, ça monte par une rame hélicoïdale et j’ai 3 spires, donc à chaque niveau j’ai une espèce de spire de plus. Donc par exemple, le train qui est à la voie -3, il doit faire 3 fois 5 mètres pour arriver au niveau du réseau. Au point de vue altitude, j’ai fait ça avec un niveau d’eau, le niveau ici à la gare de Pavilly correspond au niveau le plus haut de la Seine Maritime, du pays de Caule, et ensuite tout part un petit peu, tout doucement, se décale. Donc j’ai une pente pour arriver ici, et là ça redescend légèrement, mais maximum 1 millimètre par mètre.
Côté matériel roulant, le temps ne s'est pas arrêté sur une époque précise, on peut voir un peu tous les types de trains circuler sur la maquette.
Je fais circuler toutes les époques : les trains à vapeur que je n’ai pratiquement pas connus, j’en ai vu quelques locomotives passer à Yvetot quand j’avais 6-7 ans, dans les années 60, c’est tout. Je fais passer, on va dire, jusque dans les années 2000.
Sur le réseau, les locomotives à vapeur côtoient en effet sans complexe les TGV, comme cette rame de feu le TGV postal. L'auteur du réseau avait donné dans un premier temps la priorité à la conception de l'infrastructure de sa maquette, il va pouvoir maintenant occuper ses longues soirées d'hiver à la confection du décor.
C’est un réseau qui, globalement, donne une idée de la Seine Maritime, puisque là où je suis à mon TCO je pars de Rouen, donc je pilote tout mon réseau de Rouen, il passe sur le réseau de Pavilly et ensuite il s’arrête à la gare d’Yvetot qui est à mi-chemin entre Rouen et Le Havre. Quand il arrive au Havre, il entre dans ce qu’on appelle 3 gares souterraines. Les gares souterraines sont gérées avec mon TCO, donc j’ouvre la 2e ou la 3e gare souterraine, et je choisis une voie. Tout ça, je dois le faire en manuel, en fonction des LED et de ce qui reste en capacité pour recevoir les trains. Chaque train a une longueur précise donc il doit retrouver sa voie en dessous, qui est précisément celle par laquelle il est parti. Le système ferroviaire par lui-même, je n’ai plus grand-chose à lui apporter, parce que bon je suis limitée par la place et grosso modo j’ai fait un petit peu ce qui circule en Seine Maritime. Ce que je vais apporter maintenant beaucoup, c’est du soin à la voirie cette hiver, et puis au fil du temps je vais faire les maquettes moi-même, comme j’ai déjà commencé avec mon fils il y a une vingtaine d’années. Je ne vais pas acheter des maquettes toutes faites, qui sont très bien mais qui ne correspondent en rien avec ce qui se passe en Seine Maritime. Je vais faire des bâtiments ferroviaires et des bâtiments agricoles qui correspondent à ce qu’il y a en Seine Maritime.
Parmi les bâtiments déjà construits, se trouve la ferme ou Dominique est né et a habité étant enfant. La réplique exacte de ce que l'on appelle dans la région, un "Clos mazure Cauchoix", c'est à dire une prairie plantée d'arbres fruitiers, entourée d'un talus doté d'arbres de haute taille, abritant une ferme dont les bâtiments sont dispersés. Une disposition bien particulière qui a toute sa raison d'être, en pays de Caux.
La ferme se situe à Yvetot, en Seine Maritime, en plein cœur du pays cauchois. La Seine Maritime fait partie des 5 départements de la Normandie, on fait partie de la Haute Normandie, et la particularité de la ferme où je suis né c’est que ça s’appelle un « clos mazure ». Un clos mazure, ça veut dire que c’est clôturé par des arbres tout autour, en l’occurrence ce sont des hêtres, et il y a une double rangée de hêtre qui freine les vents, parce qu’il faut savoir qu’on est en région côtière, et qu’on peut avoir en hiver des vents à plus de 100-120 km/h, et qui peuvent balayer le paysage sur leur passage. Ici c’est un clos mazure assez important, pour vous donner une idée la ferme était basée sur 7 hectares, ce qui représente à peu près 400 m sur 400 m. Imaginez, quand vous avez la ferme en diagonale, vous avez à peu près 600 m. C’est vraiment la particularité du paysage cauchois, planté de pommiers, ici vous avez des pommiers qui existaient encore dans les années 70, mais les pommiers ont disparu du paysage normand. Ensuite, ça c’est la maison où je suis né, c’est une grande maison, nous étions 8, une famille assez nombreuse. Un potager, et on vivait aussi, la particularité du pays de Caux, comme sûrement les fermes des années 60, on vivait en partie en autarcie : c’est-à-dire qu’on n’achetait pas grand-chose, on avait la viande de bovin sur place, ici c’était une porcherie donc on faisait du porc que bien sûr on vendait à des particuliers ou à des charcutiers notamment. La viande bovine, on avait des animaux pour la boucherie. Ensuite, ici il y avait une loge, qui est toujours au personnel, sur laquelle on mettait le matériel agricole, les tracteurs, les remorques, mais qui auparavant était conçue pour les chevaux. Il faut savoir que cette ferme-là, dans les années 1900, il y avait 15 chevaux et 6bouviers, ce qui était assez important. Ici, vous avez le cellier, où on faisait le cidre, parce que l’économie cidricole représentait entre 20 et 40% de l’économie d’une ferme, selon la grandeur de la ferme. Une grange à fourrage, pour stocker le trèfle, et une grange à paille, là où on battait le blé. La particularité du paysan cauchois, c’est qu’il est assez méfiant. Il se méfie toujours du feu, c’est pour ça que l’habitat cauchois est très dispersé, comme on dit : « on ne met pas tous les œufs dans le même panier ».
Quant à la voie ferrée, elle passait juste derrière la maison. Et tous les matins, en partant à l'école, Dominique avait tout loisir de la longer tout en regardant passer les trains sur cet axe Rouen-Le Havre. Et joie supplémentaire, Yvetot étant une gare intermédiaire entre Rouen et Le Havre, la plupart des trains s'y arrêtaient. La cidrerie ou Dominique a replanté des pommiers et ouvert ce petit musée Ho de la Seine Maritime, se trouve à 70 kilomètres au nord-Est d'Yvetot, pratiquement au cœur d'un triangle dont les pointes seraient Abbeville, Rouen et Amiens. Vous trouverez ses coordonnées, des photos de la cidrerie et du réseau sur le site www.cidreriepetitclos.fr. Dominique se fera un plaisir de vous servir de guide.
La semaine prochaine dans Aiguillages, nous irons visiter le "Muséotrain", un projet dont je vous avais parlé il y a quelques saisons dans Aiguillages, et qui entre temps a pu voir le jour. C'est ainsi une importante collection de matériels essentiellement de type Decauville qui a pu ainsi bénéficier d'une très belle mise en valeur, à Semur en Vallon dans la Sarthe.
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