Les 25 ans du Chemin de Fer de la Vallée de l'Eure

(Pacy-sur-Eure)

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Les 25 ans du Chemin de Fer de la Vallée de l'Eure (Pacy-sur-Eure)

Transcription :

Une locomotive à vapeur au Chemin de Fer de la Vallée de l'Eure. Elle était l'invitée vedette de l'anniversaire de l'association qui fêtait ses 25 ans début juin, et durant tout ce week-end de festivités, c'est elle qui a assuré les différents allers-retours entre Pacy-sur-Eure et Breuilpont. Je vous parle de ce week-end dans le reportage d'aujourd'hui
Bonjour et bienvenue dans Aiguillages !

Passy-sur-Eure est situé sur l'ancienne ligne Rouen-Orléans. Le CFVE en exploite deux tronçons au départ de cette gare. Principalement celui conduisant les voyageurs à Breuilpont, et de manière plus occasionnelle, celui vers Chambray. Tout au long de l'année, des trains réguliers ou à thème circulent. Ce week-end des 2 et 3 juin, c'était le 25 ème anniversaire de l'association, et les trains étaient assurés par une locomotive à vapeur.

Le CFVE ne possède pas de locomotive à vapeur en état d'assurer des convois sur ses voies, aussi, pour ce week-end de fête et pour la première fois de son histoire, il en a fait venir une du Luxembourg. Il s'agit d'une petite Cockerill à chaudière verticale, la numéro 503. Une machine qui a été retrouvée chez un ferrailleur belge en 1996, restaurée en Slovaquie où elle a ensuite été placée en tête de trains touristiques, avant de rejoindre le Fond de Gras, au Luxembourg, où elle assure régulièrement des services depuis 2002. Lorsqu'elle n'est pas de sortie sur des réseaux amis, car sa petite taille lui permet de s'échapper relativement facilement du Grand-Duché du Luxembourg pour aller explorer les voies exploitées par d'autres associations.

Jeanne, c'est son petit nom, est arrivée dans la journée de jeudi à Pacy-sur-Eure. Le lendemain, après un aller-retour de reconnaissance sur la ligne, elle s'apprêtait à prendre en charge le train transportant les élus, venus inaugurer les nouveaux locaux du Syndicat d'initiative qui partage désormais le bâtiment rénové de la gare, avec le CFVE.
Jeanne été construite dans les usines Cockerill en Belgique en 1920 et doit sa taille très compacte à sa chaudière verticale.

C’était une invention des ateliers Cockerill qui existait en 3 types différents, il y a eu un type 1 et un type 2 mais principalement il y a eu types 3, 4 et 5 dans 3 puissances différentes et ces locomotives étaient développées pour les petites industries, les petites usines, qui n’avaient pas les moyens de se payer une locomotive normale, qui ne recevaient peut-être pas tous les jours des trains, des wagons, mais qui recevaient juste sporadiquement du matériel, et cette locomotive elle avait un faible coût à l’acquisition, l’entretien était facile, on pouvait la mettre en chauffe très rapidement et elle pouvait être exploitée par une seule personne. Donc si un train arrivait avec 2-3 wagons qu’il fallait bouger dans une petite usine, cette machine était idéale pour faire ce travail. Cette locomotive était aux ateliers ABR de Manage en Belgique, près de Charleroi, qui existent toujours aujourd’hui, ce sont les ateliers Bombardier actuellement, d’ailleurs pour les amateurs on peut encore voir sur place l’ancien hangar, tout petit avec sa cheminée au milieu pour abriter la Cockerill. Fin des années 60, la locomotive fut remplacée par un diesel, après elle s’est retrouvée en Flandre chez un collectionneur et j’ai eu la chance de la récupérer en 1998, ensemble avec une locomotive sœur, elle était entièrement pourrie, on a gardé le châssis, les essieux et les cylindres et via des contacts qu’on avait à l’époque, elle est partie en Slovaquie où elle a été entièrement reconstruite à l’origine et j’ai pu acheter une nouvelle chaudière en Tchéquie à l’époque aussi, un grand coup de chance, dans un atelier qui faisait des chaudières de raffinerie et de brasserie et comme ça on a pu sauver cette machine. Elle est appelée Jeanne d’après le nom de ma mère, qui est la marraine de cette locomotive.

Bien sûr, Jeanne n'est pas taillée pour la grande vitesse, ni pour tirer des convois très lourds, c'est une machine de labeur, dont la conception a été étudiée spécialement pour répondre au mieux au besoin des petits ou moyens sites industriels.

C’est une chaudière verticale, donc c’est une conception très particulière qui permet justement une mise en chauffe très rapide. La machine n’a pas énormément d’autonomie, ce n’est pas le but, mais on peut la mettre sous pression rapidement, c’est des tubes, donc contrairement à une locomotive classique qui a une chaudière horizontale, la chaudière est verticale, d’ailleurs souvent on appelle ces locomotives « type bouteille » parce que la chaudière effectivement a la forme d’une bouteille et permet cet allumage rapide. En deux heures, elle est opérationnelle, tandis qu’à une 020 ou 030 classique, il faut quand même 3 à 4 heures. Mais l’idée derrière ce projet à l’époque, en 2000, était aussi celui d’avoir une machine qui était facilement transportable et donc cette machine a déjà roulé dans les Cévennes, elle a roulé en Champagne-Ardenne, elle a roulé souvent en Belgique et récemment elle a participé à la grande parade en Pologne à Wolsztyn.

Sa venue au CFVE était par conséquent une première. La ligne ne présentait pas de difficulté particulière, si ce n'est que la pluie qui est tombée en abondance jusqu'en début d'après-midi avait pas mal mouillé le rail. Mais le voyage inaugural ne se faisant que sur quelques centaines de mètres au sortir de la gare, tout s'est passé pour le mieux. Les choses sérieuses ont commencé le lendemain, samedi, avec 3 allers-retours à assurer dans la journée. Nous ferons l'un d'entre eux en compagnie de Jean Gohel, l'un des deux co-fondateurs du Chemin de Fer de la Vallée de l'Eure.

Ici, nous sommes sur ce qu’il reste de l’ancienne ligne d’Orléans à Rouen qui a été fermée au trafic voyageur en 1951 et au trafic marchandise en 1989. A cette époque, les choses étaient plus faciles que de nos jours et nous avons bénéficié à l’époque d’un soutien très puissant du département de l’Eure et de la ville de Pacy-sur-Eure. Ici, on roule entre deux tronçons, sachant que la gare de Pacy est le point d’arrêt central, on roule vers le Nord-Est en direction de Breuilpont, à peu près à 8 km d’ici, et en direction du Sud-Ouest en direction de Chambray et plus tard peut-être La Croix-Saint-Leufroy, il reste encore à peu près 5 ou 6 km de ligne à réhabiliter.

Le CFVE préserve plusieurs matériels classés monuments historiques : des wagons comme celui-ci dédié au transport de lait, ou encore cette voiture postale qui a conservé à l'intérieur son équipement d'origine, et une voiture "saucisson" qui a été sauvée in extrémis, et qui reste en attente de restauration. Elle est intéressante par le fait qu'elle représente le début de la recherche de l'aérodynamisme et de l'esthétique, et aussi, ce qui est moins connu, la première série de voiture proposant une forme assez ancestrale il est vraie de climatisation, disponible dans les années 20/30. Ces voitures étaient notamment utilisées par les trains embarqués à bord des paquebots au Havre ou à Cherbourg.

Nous exploitons actuellement en diesel avec une collection de locomotive, certaines d’origine SNCF mais d’autres beaucoup plus anciennes, comme nous abritons 3 locomotives « ancien combattant » si j’ose dire, un petit locotracteur Valermi qui est en fait la version déblindée des locotracteurs de la guerre de 14-18, de l’ALVF, un locotracteur Deutz allemand, construit pour le front de l’est dans les années 40 qui est une transmission par bielles, ce qui est assez amusant, une grosse locomotive américaine Whitcomb construit chez Baldwin à Rochelle dans l’Illinois et qui a débarqué à Cherbourg en 44 et qui a, dit-on, traîné le premier train qui est entré en gare de Saint-Lazare à la libération de Paris.

Sans oublier ce qui est sans doute la pièce maîtresse des engins préservés par le CFVE, l'autorail ABJ 4. Je vous l'avais présenté dans un ancien reportage diffusé dans Aiguillages. Depuis, les travaux de restauration se sont poursuivis et l'engin a été repeint. J'ai pu l'emprunter à plusieurs reprises durant ce week-end, aussi je lui consacrerai un nouveau sujet dans la prochaine saison d'Aiguillages. Le reste de la collection est constitué de wagons qui pour beaucoup ont été préservés par l'armée. Les citernes et des wagons plats notamment, qui ne circulent plus depuis bien longtemps sur le réseau ferré national.

Mais parlons d'un autre sauvetage réalisé par le CFVE, celui de deux locomotives industrielles à vapeur, en voie de 90 cm qui étaient la propriété d'un site industriel autrefois en activité à Breuilpont.

Il y avait à Breuilpont jadis de grandes carrières où on extrayait la grave, vous savez, cette espèce de gravier qu’utilisent beaucoup les routes et la construction. Ces carrières de grave étaient exploitées par un réseau en voie de 90 cm. C’est un écartement très inhabituel en France, c’est dû au fait que les locomotives avaient été achetées au domaine, prise de guerre des allemands pour construire le mur de l’Atlantique. Ces deux locomotives étaient laissées à l’abandon et condamnées à disparaître, et grâce à l’aide du propriétaire et du Crédit Agricole, nous avons entrepris une opération de sauvetage, pour l’instant purement cosmétique, pour freiner la rouille, et pour en faire un monument en gare de Breuilpont, sachant que la ville de Breuilpont est très attachée au souvenir de ces carrières et en particulier Achille Gouéry qui était leur propriétaire.

Le rêve de Jean Gohel, comme beaucoup de bénévoles du CFVE, serait de pouvoir disposer d'une locomotive à vapeur pour assurer les trains réguliers. Un projet qui pour l'instant se heurte à l'absence d'un bâtiment à l'intérieur duquel la ranger pour la préserver des intempéries et des dégradations. Des projets avaient bien été étudiés, mais ils n'avaient pu aboutir. Alors, pour l'instant, les efforts se sont tournés vers d'autres réalisations. Comme la préservation et la transformation de deux voitures USI, en voiture salon et en USI Bar. C'est à bord de celle-ci que nous reçoit Jean-Michel Husson, le président de l'association

On l’a appelé USI Bar, c’est notre voiture-bar, avec un petit compartiment bar et une deuxième partie où on peut faire soit soirée dansante, des anniversaires, ou alors pourquoi pas des conférences ou des séminaires. On part en ligne avec les voitures, tout à fait, elle est attelée souvent à la voiture restaurant et tout se passe pendant le trajet.

Autre chantier en cours, celui-ci pris en charge par les plus jeunes membres du CFVE, ils se sont attaqués à la restauration d'une draisine Miso.

C’est une petite draisine donc c’est un peu à leur niveau, point de vue taille, et effectivement ils se sont attaqués à sa restauration, ils ont démonté le moteur, ils ont tout décapé et ils vont bientôt attaquer la peinture puis la remise en place du moteur, pour les essais.

Objectif La fête de la vapeur en 2019 en Baie de Somme, où Jean-Michel aimerait emmener cette jeune équipe qui pourrait y faire circuler cette draisine si sa restauration est terminée.

Le samedi soir, l'équipe du CFVE avait décidé de s'octroyer quelques instants de détente, au milieu d'un week-end bien chargé. Le soleil étant définitivement revenu sur Pacy-sur-Eure et la Normandie, un barbecue fut organisé sur un pont surplombant l'Eure. Au retour, nous profiterons du spectacle d'un feu d'artifice qui était tiré sur une commune voisine.

Le dimanche, les circulations reprirent. Avec de nouveau 3 allers-retours à assurer dans la journée pour la petite Cockerill. Mais les jeunes chargés de la restauration de la draisine préférèrent mettre à profit le temps dont ils disposaient pour tenter de remettre en route le moteur de la draisine, espérant que celui-ci puisse se faire sous le regard des Aiguillonautes. Y parviendront-ils ? Vous le saurez dans un prochain numéro des Rendez-vous du Lundi d'Aiguillages que je leur consacrerai à la rentrée prochaine.

Comme vous pouvez vous en douter, le 25ème anniversaire du CFVE est passé très vite, et les circulations régulières ont repris entre Passy-sur-Eure et Breuilpont.

Outre les trains réguliers, pas mal de trains spéciaux et de trains à thème sont proposés sur les voies du Chemin de Fer de la Vallée de l'Eure, vous trouverez tous les horaires sur le site www.cfve.org.

La semaine prochaine dans Aiguillages, je vous ferai faire un voyage très particulier, à bord d'une ancienne motrice du tramway de Vienne en Autriche. Elle nous emmènera jusqu'à l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, sur les rails du Rhône Express.

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