De Paris à Lyon
en FrecciaRossa
De Paris à Lyon en FrecciaRossa
Transcription :
La Freccia Rossa, ou Flèche Rouge, c'est un train à grande vitesse qui a été mis en service en Italie dès l'année 2008 pour desservir une 50 aine de villes de la péninsule, mais qui depuis le mois de décembre 2021 franchit la frontière pour venir proposer ses services en France sur la ligne Paris-Milan, en passant par Lyon, Chambéry et Modane. Sur la section Paris-Lyon, elle vient directement et pour la première fois de son histoire, concurrencer le TGV de la SNCF qui plus est sur son axe le plus fréquenté et le plus rentable. Et la pression exercée par Trenialia ne fait qu'augmenter puisque depuis quelques jours, la fréquence quotidienne de ses relations est passée de 2 à 5.
Alors que vaut un voyage à bord de cette Flèche Rouge ? Le service et le confort sont ils à la hauteur de ce qu'annonce Trenitalia ? Est-il facile de réserver ses places ? Les prix sont-ils vraiment si intéressants ? La SNCF a t'elle du souci à se faire ? Je répond aujourd'hui à ces questions et à quelques autres, après avoir moi-même testé un voyage à bord d'une Freccia Rossa entre Paris et Lyon, bonjour et bienvenue dans Aiguillages !
Vous le savez si vous êtes des fidèles d'Aiguillages, vous l'apprenez sinon maintenant, autant que faire ce peut, je me déplace en train pour réaliser les reportages que vous pouvez suivre sur cette chaîne et celle consacrée au modélisme ferroviaire. Et l'idée de tester la Flèche Rouge de Trenitalia à l'occasion de l'un de ces nombreux déplacements était quelque part dans un coin de ma tête depuis l'inauguration de ce service, jusqu'à ce qu'une opportunité se présente il y a de cela quelques jours. Me voici donc en début d'après-midi, en semaine, c'est important à préciser, car cela explique sans doute qu'il y avait lors de ce trajet là peu de passagers dans le train, alors que Trenitalia se dit plutôt satisfaite du remplissage de ses Flèches rouges, dans le hall 1 de la gare de Lyon.
Mais avant d'embarquer quelques mots de l'origine des Flèches Rouges.
Ce sont des trains à grande vitesse que la compagnie ferroviaire nationale italienne a commandé à une 50 aine d'exemplaires à un consortium d'entreprises constitué de Ansaldo Breda S.P.A qui depuis a été rachetée par le Japonnais Hitachi et Bombardier dont la branche ferroviaire est tombée dans l'escarcelle d'Alstom. La gamme est constituée de deux types de trains, les ETR 500 qui roulent exclusivement en Italie, et les ETR 1000 qui ont été introduits sur le réseau français en service commercial depuis le 18 décembre 2021. Les premiers sont aptes à rouler à 340 km/h, les second à 400, même si dans les faits leur vitesse est limitée à 300. Dès l'origine, ils ont été pensés pour être capable de rouler dans d'autres pays européens : l'Autriche, la Belgique, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Espagne et la Suisse.
Plusieurs détails distinguent ces trains des TGV français auxquels nous sommes habitués.
Tout d'abord regardez bien, il n'y a pas de motrice. Les éléments situés en tête et en queue du train accueillent des passagers, car sur ce type de matériel, les moteurs sont installés directement au niveau des essieux. Il y en a 16 répartis sur les 8 voitures que constituent une rame. Autre surprise, on retrouve des soufflets pour passer d'une voiture à l'autre, alors que le TGV nous avait fait oublier cet équipement. A la différence des Trains à Grande Vitesse français, les rames italiennes ont des voitures montées sur 2 bogies chacune, alors que l'une des grosses innovations du TGV était de composer des rames indéformables en faisant en sorte que deux voitures se partagent le même bogie. Chaque rame est composée de 8 éléments sur un seul niveau.
Clairement le TGV a été pensé pour transporter simultanément le plus grand nombre possible de passagers, mais ce n'est pas du tout l'approche retenue pour la Freccia Rossa.
Du côté des italiens, on a préféré en effet miser sur le service. Le contexte est assez différent dans la péninsule où l'opérateur historique est confronté depuis une 15aine d'années déjà à la concurrence d'une entreprise privée sur ses lignes à grande vitesse intérieures. Italo, c'est son nom, dont la SNCF a d'ailleurs été actionnaire à ses débuts, dessert une petite quinzaine de villes et s'était montré assez intéressé dans le cadre de l'ouverture à la concurrence par la perspective de venir rouler en France, sur les lignes LGV Paris, Lyon, Paris-Lille ou Paris-Lyon-Marseille. Il semblerait que la crise sanitaire ait eu raison du moins pour l'heure de ces ambitions la. Confronté beaucoup plus tôt que l'entreprise nationale française à la concurrence, Trenitalia a donc repositionné son offre. Elle l'a fait en misant sur des prix plus bas, tout en revoyant à la hausse la qualité du service offert à sa clientèle et en mettant en service une nouvelle génération de trains : les Freccia, déclinées en 3 couleurs : Bianca pour assurer les circulations sur les lignes traditionnelles en dehors du réseau à grande vitesse, Argento, pour relier les grandes villes entre elles, en empruntant occasionnellement les lignes à grande vitesse, mais en roulant plus vite que les autres trains sur les lignes conventionnelles, car ces relations sont assurées par des trains dit pendulaires.
en gros, ils se penchent dans les virages un peu comme les motards, ce qui leurs permet de les franchir à plus grande vitesse
et rossa, ou flèches rouges, qui sont donc l'équivalent de nos TGV, mais qui en Italie correspondent dans le même temps à une offre de confort haut de gamme.
Quand on achète un billet pour voyager à bord de ces trains, on peut choisir entre 3 classes, mais rassurez-vous, Trenitalia n'a pas remis au goût du jour la 3ème qui a un temps existé aussi en France et qui à une époque consistait à installer les voyageurs sur le toit des voitures.
Non non, nous sommes ici à un niveau de confort qui est au minimum celui des 1ères et 2ndes, et c'est vers le haut que la Flèche rouge tire en rajoutant un niveau supplémentaire. La seconde classe, appelée standard est disponible dans les voitures 4 à 8. On y trouve des séries de 4 sièges en velours et similicuir, dans les tons oranges. C'est là que l'on peut placer le plus grand nombre de passagers : plus de 300. Les voitures 7 et 8 sont dites standard Silencio, elles sont réservées aux voyageurs souhaitant trouver une certaine quiétude le temps de leur trajet, les voitures 4, 5 et 6 sont classées Standard Allegro, sans aller jusqu'à y faire la foire, elles sont le lieu où tenir des conversations plus animées et plutôt réservées aux familles voyageant avec des enfants. La même distinction existe en première classe, appelée ici, classe Business. La voiture 3 est aussi celle où se trouve le bar, elle est classée Business Allegro. Elle comprend également deux places réservées aux personnes à mobilité réduite. La voiture 2 est un espace Business Silencio. Dans ce niveau de confort les fauteuils sont plus larges et en cuir. Ils sont placés en vis à vis, par blocs de 4 ou 2, positionnés de part et d'autres d'un couloir central. Dans ces voitures, 69 passagers peuvent prendre place.
Et enfin mesdames et messieurs, le fin du fin, la voiture dans laquelle il faut voyager si l'on en a les moyens ou que l'on veut impressionner la galerie, c'est la une, dans laquelle se trouvent concentrés les fauteuils de la classe executive.
Concentré est un bien grand mot puisque dans cette voiture ne se trouvent qu'une mini salle de réunion équipée d'un écran, et qui peut accueillir jusqu'à 5 passagers, ainsi que 10 sièges en cuir séparés les 1 les autres par une distance de 1 mètre 50. Ces sièges peuvent tout faire. Tourner sur eux même pour que vous puissiez toujours voyager dans le sens de circulation, s'incliner pour vous placer en position allongée, déployer une tablette pour vous permettre de prendre votre repas à bord et à votre place.
Et en classe executive autant le dire, c'est restauration à volonté, tout au long du voyage.
Vous êtes aux petits soins, une personne de l'équipe d'accompagnement passe en moyenne une fois par heure pour s'assurer que tout va pour le mieux.
Parlons-en justement du personnel à bord !
Ce qui est pour le moins surprenant quand on est habitué au TGV dans lequel il arrive de faire le trajet sans voir le moindre contrôleur, c'est la pléthore de personnel qui se trouve à bord des Freccia Rossa. Il me semble en avoir compté une dizaine durant mon trajet entre Paris et Lyon, et à cette heure-ci, mon train ne poursuivait pas sa route en Italie. Contrairement à d'autres Flèches Rouges qui circulent jusqu'à Milan, celle-ci avait la gare de Lyon Perrache pour terminus. Mais cet accompagnement fait partie de la qualité de service voulue par Trenitalia semble t'il. Après le traditionnel contrôle des billets, en classe business, vient le temps de la distribution d'une boisson fraîche de courtoisie. Vous pouvez choisir une canette d'eau ou un soda. Puis, c'est un café accompagné selon l'heure d'un croissant ou d'une madeleine qui vous est offert.
Autant le dire que ce soit en classe Business ou en classe Excutive, on sent clairement que l'avion a été pris pour modèle.
Pour ce qui est des éléments de confort commun à tous les passagers, bien sur les 8 voitures sont climatisées, une prise de courant est disponible à chaque place, l'éclairage est assuré par des LED dont l'intensité varie en fonction de l'heure et de la luminosité extérieure. Des espaces sont aménagés pour les bagages à l'entrée de chaque voiture, et il y a la place de mettre un bagage à main sous son siège. Des écrans affichent des informations sur le déroulement du trajet, elles indiquent notamment la vitesse du train, les gares desservies entre deux écrans destinés à faire la promotion des voyages en train en compagnie de Trenitalia. Enfin, un réseau wifi est disponible et donne accès à un portail de divertissement multimédia.
Bon, à ce moment de la vidéo, en bon français, il faudrait quand même que je trouve quelque chose à critiquer non ?
Si vous y tenez, je dirais que j'ai été un peu surpris par le côté vintage de la décoration intérieure des voitures. De l'extérieur, c'est une belle carrosserie aux courbes racées, dont le rouge éclate sous la halle de la gare de Lyon, au point que l'on se prendrait presque à rêver que l'on va monter à bord d'une Ferrari. Passée la porte, à l'intérieur, c'est retour aux années 70/80, pour ce qui est du choix des couleurs en tous les cas. Le confort en revanche est plutôt bon, et le niveau de bruit, même quand le train est lancé à pleine vitesse reste très bas.
Chose importante quand même, je ne vous ai pas encore parlé tarifs.
Rendons-nous pour ça sur le site de Trenitalia France. La compagnie annonce des prix à partir de 23 euros, avouons que ce ne sont pas les plus nombreux ni les plus faciles à trouver. Comme la SNCF, Trenitalia pratique le Lied Management qui consiste à faire varier ses tarifs en fonction de la demande et du taux de remplissage des trains. On en trouve du coup un peu plus quand on choisi une date de départ plus éloignée dans le temps. Notons que sur la plupart des trajets, la différence de prix entre la classe standard et la classe Business est assez faible. Parfois, elle ne dépasse pas les 5 ou 6 euros, ça peut valoir le coût, et au pire, ça permet de s'offrir le plaisir d'une petite collation servie à la place. Il semblerait que le prix de la classe executive soit fixe, c'est 139 euros pour un Paris Lyon, ou 165 pour un Paris Milan pour tous les tarifs que j'ai pu consulter. En revanche il n'existe pas pour les trajets réalisés en France en tous les cas, d'équivalent des cartes de réduction que l'on peut trouver à la SNCF, mais une carte cadeau, c'est bon à savoir si jamais vous voulez vous faire offrir ou offrir pour une occasion ou une autre un baptême en Freccia Rossa.
Deux choses importantes à savoir : d'une part Trenitalia a bien précisé que les tarifs actuels étaient une offre de lancement, donc qu'ils devraient évoluer potentiellement à la hausse à un moment ou à un autre, d'autre part même si 4 gares sont desservies en France, tous les parcours ne sont pas possibles.
Par exemple vous ne pouvez pas opter pour un Lyon-Chambéry ou un Lyon-Modane, car ces trajets là, sont réalisés sous le couvert des Trains d'Equilibre des Territoires qui eux ne sont pas ouverts à la concurrence. En revanche, vous pouvez bien sur opter pour un Paris-Chambéry ou un Paris-Modane.
Et vous avez-vous déjà emprunté la Flèche Rouge ? Avez-vous l'intention de le faire à l'occasion ?Avez-vous apprécié cette vidéo, et voulez-vous que je vous en présente d'autres de ce type en vous faisant part d'autres de mes voyages en trains ? Vous pouvez me dire tout ça en commentaires. Je voulais profiter de l'occasion pour vous annoncer la sortie prochaine de la nouvelle édition de mon Guide du Tourisme et des Loisirs Ferroviaires édité par la Vie du Rail, outre une remise à jour complète de la précédente édition, celle-ci est complétée par un cahier Europe, je vous proposerai donc par conséquent en plus de toutes les balades en France des escapades en Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, au Luxembourg, aux Pays Bas, en Grande-Bretagne et en Suisse, vous pouvez dores et déjà le précommander sur le site aiguillages.eu à la rubrique Aiguillohsop, et si vous le souhaitez, je pourrais même vous le dédicacer, il vous suffira de me le demander au moment de passer votre commande. Je vous l'enverrais dès qu'il sera sorti de chez l'imprimeur. En attendant je vous retrouve la semaine prochaine pour partager avec vous mes dernières découvertes ferroviaires.
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