De Nîmes au Grau-du-Roi
en Train
De Nîmes au Grau-du-Roi en Train
Transcription :
Bonjour et bienvenu dans Aiguillages ! Comme chaque début de mois, je vous invite à une balade touristico-ferroviaire qui va m'amener à traverser en train la petite Camargue pour rejoindre Le Grau-du-roi au départ de Nîmes. Je ferais un arrêt à Aigues-Mortes pour une rapide visite de la ville mais aussi pour prendre le temps de voir fonctionner 2 curiosités ferroviaires : d'une part un pont tournant et d'autre part l'un des derniers passages à niveau gardés de France.
Si vous voulez faire vous aussi ce voyage, en choisissant bien votre hôtel et l'orientation de votre chambre, vous pourrez comme moi ce matin-là commencer votre journée en jetant un œil sur le trafic à la gare. Bon, si ce duo d'autorails à pour destination Le Grau-du-roi, je ne vous cache pas que ça va faire un peu juste pour les attraper, alors tant pis, je prendrais le prochain train. La petite Camargue m'attendra bien avec, ses chevaux blanc, ses flamands roses et ses montagnes de sel.
A défaut de m'être levé assez tôt ce matin-là pour prendre le premier train de la journée, je vais aller faire un petit tour en ville en attendant le suivant. Il me faut pour cela traverser la gare qui est un très beau bâtiment, soigneusement rénové. Ici, tout est fait pour plonger le voyageur dans l'atmosphère, de temps beaucoup plus anciens que ceux qui ont vu l'avènement du chemin de fer. Nîmes est une ville dont les origines remontent à l'antiquité romaine, et a été fondée il y a près de 2000 ans. La salle des pas perdus est située sous les voies qui se trouvent sur une estacade. Les nombreuses voûtes qui l'a soutiennent contraignent les voyageurs à s'orienter dans un dédale d'allées et à slalomer entre de nombreux piliers qui ne facilitent pas toujours le repérage des panneaux d'affichage ou des accès aux voies en fonction du numéro recherché. Avant de pouvoir se déplacer dans l'espace, le visiteur est ici convié à faire un voyage dans le temps. Dans cet univers ou se mêlent décidément différentes époques, et ou l'on oublierai presque que l'on se trouve dans une gare, un hommage est rendu à Paulin Talabot qui a été à l'origine en 1836 de la création de la Compagnie des Mines de la Grand'Combe et des chemins de fer du Gard avant de devenir le directeur général de la Compagnie du PLM entre 1862 et 1882. A cette même époque, l'amphithéâtre romain de la ville que des recherches archéologiques ont permis de remettre à jour, est converti en arènes, en 1863. Mais sa construction remonte à environ 90 ans après Jésus-Christ. Sa vocation est alors de proposer des divertissements aux membres de la colonie romaine qui sont venus habiter la ville. Je vais me contenter pour cette fois de faire le tour des arènes, à défaut de temps pour les visiter. L'heure du prochain départ du train pour le Grau-du-roi approchant, il est temps pour moi de revenir à la gare, qui n'est heureusement pas très loin. La plupart des trains pour ma destination partent de la voie E, située à l'extérieur du bâtiment voyageur. Au départ de Nîmes, le train est le moyen le plus rapide et le plus simple de rejoindre la mer. Je fais ce voyage hors saison, ce qui peut changer beaucoup de choses par rapport à l'expérience qui peut-être vécue par ceux qui le font en plein été. Le succès que connaît cette ligne est sans doute largement du au fait qu'elle fait partie d'un ensemble de relations du TER Occitanie accessibles pour 1 euro seulement. C'est même cette ligne qui a servi de test pour la mise en place de ce dispositif à l'été 2010 avant d'être généralisé à toute l'année, et étendu à d'autres relations. Et le succès a été tel que les trains ont même été pris d'assaut. Passés les mois d'été, la situation redevient beaucoup plus calme. Le nombre d'habitants au Grau-du-roi redescendant à 9000, alors qu'en Juillet et Août il dépasse les 120 000. Le nombre de trains engagés sur la ligne suit le mouvement. Il passe de 5 aller-retours quotidiens en semaine et 6 le week-end, à 2 seulement en semaine, et plus aucun les samedi et dimanche.
Les trains ont pour origine Nîmes, mais la tête de ligne est située 4 km plus loin à Saint-Césaire. A partir de là, la voie se détache du tronçon Tarascon-Sète. Dans cette gare, un nouveau quai sur voie unique, décalé par rapport à l'emplacement du bâtiment voyageur, est réservé à cette desserte.
Au-delà de celle-ci, les paysages se font moins urbains. La ligne est longue de 40 km. Elle a été construite par le PLM, dans un premier temps surtout pour desservir les salins autour d'Aigues-Mortes, à partir de 1873. Elle atteindra son terminus actuel au Grau-du-roi, la gare la plus occidentale du réseau géré par le PLM, en 1909 seulement. Cette dernière portion ayant été la plus difficile à construire. Elle a nécessité l'établissement d'une digue parallèle au canal du Rhône à Sète, et construite au milieu des salins.
Pour poursuivre son chemin, au-delà de la gare d'Aigues-Mortes, il fallait que le train franchisse un bras du canal qui permet un accès au port qui n'est plus fréquenté de nos jours que par des bateaux de croisière. La solution retenue alors a été l'établissement d'un pont tournant qui pivote sur 90 degrés. Le train dont je suis descendu a continué sa route jusqu'à son terminus, dont il va revenir dans quelques minutes pour retourner à Nîmes. Il n'y en aura pas d'autre avant ce soir. Aussi le pont sera ouvert après ce dernier passage. Il est manoeuvré par un employé de la SNCF qui se charge aussi de l'ouverture et la fermeture du passage à niveau qui se trouve juste à côté. Une réalité sans doute un peu oubliée, il resterait en France encore aujourd'hui un peu plus de 700 passages à niveau gardés. Je vais profiter que le pont est encore en place sur le canal, pour quelques minutes, pour le traverser et me rendre dans la cité fortifiée voisine, après, il faudrait faire un très long détour pour la rejoindre. Les remparts d'Aigues-Mortes et le port ont été construits par Saint-Louis qui souhaitait que son royaume dispose d'un accès direct à la mer méditerranée. Il fera ensuite construire la Tour de Constance pour abriter sa garnison. Hors saison, c'est un plaisir de se promener dans les rues de la ville désertée par les touristes, alors que le soleil est toujours au rendez-vous. A cette heure avancée de l'après-midi, il crée un théâtre d'ombres chinoises sur les murs de la cité dont les acteurs sont les passants empruntants le chemin de ronde. Les remparts sont extrêmement bien conservés, très hauts et font le tour complet de la ville. Ils mesurent 1 kilomètre 600. La voie ferrée en longe le côté ouest. Pour poursuivre mon chemin jusqu'au Grau du Roi, Je vais retourner à la gare. Pour quelques minutes encore, le pont reste ouvert, le temps de laisser passer un dernier bateau de croisière de retour de sa balade sur le canal. Dans quelques minutes le dernier train de la journée me permettra de regagner le Grau-du-roi juste avant la nuit. Pour la visite de cette ville, il me faudra donc attendre demain matin. Petit déjeuner pris à une époque ou c'était encore possible, sur le port, à deux pas d'un autre pont tournant, routier celui-ci. Le Grau-du-roi c'est le débouché maritime du département du Gard, la seule commune de celui-ci qui soit située sur la côte. Un grau désigne l'embouchure d'un fleuve ou un chenal par lequel la mer communique avec un étang. Jusqu'au milieu du XIXème siècle, la commune reste un modeste village de pêcheurs. Elle devra son expansion à l'arrivée du train. En 1909, la ligne en provenance de Nîmes est prolongée depuis Aigues-Mortes jusqu'au Grau-du-roi, ce qui permet l'exportation du poisson et du raisin blanc produits sur place, mais aussi l'arrivée de touristes avant l'heure qui viennent profiter des bains de mer. Sur la ligne, les locomotives à vapeur sont remplacées pour les trains de voyageurs, par des autorails de type FNC dès l'après-guerre, et par des locomotives diesels pour les trains de marchandises. C'est toutefois dans les années 60 que la ville connaîtra sa plus forte expansion. Des trains de nuit arrivant même directement de Paris dans la gare de cette station balnéaire. Celle-ci aurait pu également recevoir des TGV. Le projet d'électrifier la ligne a été à plusieurs reprises évoqué. La dernière fois que cette question a été abordée, c'est quand le projet de contournement de Montpellier et Nîmes par une LGV a été mis à l'étude. L'un des tracés envisagés passait par Générac qui est situé dans la partie nord de la ligne Nîmes-Le Grau-du-roi., ce n'est finalement pas celui qui a été retenu. La gare du Grau-du-roi dispose de grosses réserves foncières et puisque le TGV n'y viendra finalement pas, une partie de celles-ci sont vouées à laisser la place à un nouveau quartier d'habitation. La voie en impasse est vouée à disparaître, le nombre de voies devrait être réduit, la longueur du quai en revanche allongée. Le trafic fret étant de moins en moins important sur cette ligne qui a longtemps vu passer de lourds trains chargés de sel, certains se prennent à rêver d'une desserte cadencée à l'heure ou aux deux heures sur cette liaison victime de son succès les mois d'été. Signalons un fait qui est loin de se vérifier de partout, ici la liaison en train est nettement plus rapide que celle offerte par la route. Le train met en moyenne 50 minutes à la parcourir, la ou les bus ont besoin d'une heure 30. Comme quoi, quand une ligne est entretenue et que les tarifs sont attractifs, le succès est au rendez-vous. Allez, je vous retrouve la semaine prochaine, pour de nouvelles aventures sur les rails.
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