Le Train de jardin de Michel

Le canari

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Le Train de jardin de Michel Le canari

Transcription :

Michel habite à Montauban, une jolie petite ville, qui est le chef-lieu de son département, le Tarn et Garonne. Dans son jardin, un circuit de 270 mètres dont le double écartement n'est pas banal. 127 et 143 mm. C'est que lorsque Michel s'est lancé dans le modélisme ferroviaire, il a commencé par construire une machine au 1/10ème pour la faire rouler sur son réseau, avant de découvrir quelques temps plus tard l'existence des normes européennes pour les trains de jardin, et que le 1/10ème n'était pas un écartement reconnu. Alors plutôt que de prendre le risque de s'isoler totalement du reste du monde des amateurs de trains de jardin, il a corrigé le tir, en construisant ses nouvelles machines en 5 pouces, et en posant un troisième fil de rail, de manière à également pouvoir faire circuler du matériel à l'écartement de 127 mm. Ebéniste à la retraite, il a construit son réseau en plusieurs étapes.

J’ai commencé par un petit bout, et petit à petit j’ai grignoté, comme on fait beaucoup dans nos passions ! Après, il a fallu que je fasse les ponts, les viaducs pour rattraper le faux-niveau du terrain, 45 m de ponts, 22 m de viaducs en brique, avec des arches, après il y a un pont métallique, un pont tablier qui fait 12 m. J’ai pris l’exemple d’un pont en allant à Andorre-la-Vieille, d’un pont qui traverse l’Ariège, un petit pont avec de grandes arches et des arches surmontées. Je ne savais pas avec quoi le meubler donc j’ai fait ce pont et après j’ai fait un pont-cage, qui n’est un pont-cage qu’à moitié puisqu’il n’y a pas le dessus pour pouvoir passer avec nos machines. Si la machine passe toute seule, un pont-cage peut être recouvert, mais l’être humain n’est pas à l’échelle donc je suis obligé d’enlever le panneau dessus.

La construction du réseau de Michel a parfois ressemblé à de véritables travaux de génie civile.

J’ai fait des voussoirs, dans le principe des voussoirs du bâtiment que l’on fait pour les tunnels actuellement. J’ai fait un voussoir en béton, par tranche de 50 cm, desquels sont divisés en deux, c’est-à-dire que j’ai fait deux voussoirs qui se rencontrent, j’ai fait deux demi-cercles, parce que vu le poids, à la main c’était un peu lourd : chaque demi-voussoir fait 80 kg, je les ai reliés pour avoir une seule pièce qui fasse le fer à cheval, qui fait à peu près 60 kg, et j’en ai fait 150.

Ce qui représente la bagatelle de pas loin de 2 tonnes 5 de béton à couler pour arriver à construire les deux tunnels du circuit.

Il y en a un qui fait 22 m, et l’autre fait 12 m, ceux-ci reliés dans une tranchée : j’avais une tranchée qui fait 20 m à peu près, ou 15 m, je ne me rappelle plus combien j’avais mesuré, ou la machine passe dans un canyon. J’ai commencé la tranchée à la main, et au bout d’une cinquantaine de voussoirs j’ai commencé à m’en voir, je suis allé louer une mini-pelle et j’ai continué à la mini-pelle, c’était beaucoup plus vite fait ! Après, j’ai fait le béton sur lequel j’ai mis mes voussoirs collés les uns contre les autres, j’ai mis un polyane dessus, pour pas que trop d’eau rentre dans le tunnel, pour l’hiver, il faut y penser. Après, j’ai mis une couche de béton avec un peu de ferraille pour assembler le reste et j’ai recouvert de terre.

Sur son réseau, à l'exception d'une machine à vapeur qui a été achetée et que nous verrons tout à l'heure, Michel fait circuler du matériel, dont des autorails, qu'il a fabriqué.

Les autorails, je les ai fabriqués. Pour moi, c’est moins compliqué à fabriquer, c’est un moteur électrique … Ceci dit, le premier que j’ai fabriqué j’ai eu du mal à le faire marcher parce que je ne maîtrisais pas la chose, et après j’ai regardé sur des sites anglais comment ils montaient le système, j’ai vu qu’ils montaient le système directement sur les roues, avec des petits pignons, et je me suis dit « je vais faire la même chose, ça devrait marcher ». Après, j’ai cherché l’encombrement du moteur entre les deux essieux, qui n’est pas évident et qui est la puissance, et j’ai pensé au moteur de trottinette. Bien sûr, avec internet j’ai cherché, j’ai trouvé un site du côté de Lyon où j’ai pu trouver des moteurs de trottinette qu’ils vendaient sur des trottinettes qui étaient défectueuses. J’ai monté à chaque machine 4 moteurs, ce qui permet d’avoir une puissance assez élevée, et surtout une consommation de courant pas trop gourmande, tout ça alimenté à 24 volts avec 2 batteries. La motrice du Train Jaune, c’est elle que j’ai faite en deuxième, puisque j’avais fait le FNC, après j’ai fait le Train Jaune parce que j’avais été là-bas à Font-Romeu en vacances dans un appartement où on voyait le Train Jaune passer. Ce petit train dans la campagne me fascinait, j’ai dit « si je m’en faisais un dans le jardin, ce serait sympathique ! ». Donc j’ai fait un Train Jaune et cet hiver je viens de faire la remorque, parce qu’il était tout seul, il était un peu déshabillé, donc cet hiver je lui ai fait la remorque qu’il faut que je mette en peinture pour l’hiver qui va venir.

Mais Michel a donc commencé son activité de modéliste ferroviaire, en construisant une grosse locomotive à l'échelle 1/10ème.

Quand j’étais gamin, comme beaucoup de modélistes, j’habitais pas loin de la gare, et quand je revenais de l’école je voyais passer ces grosses machines qui étaient sur un talus, plus haut que moi bien sûr, et ça m’impressionnait de voir ses très grandes roues et ses bielles qui se manifestaient dans tous les sens, et je m’étais dit « un jour, peut-être, je me ferai une machine à vapeur pour revivre ce temps-là ». Voilà l’idée qui m’est venue pour faire une machine à vapeur. Je ne suis pas tout à fait arrivé à la grosse machine, parce qu’elle était beaucoup plus impressionnante, mais j’ai un petit train qui me permet de retracer un peu mon ancien temps. C’est une 141 R de fabrication américaine, bien sûr, qui avait fait ici la ligne de Montauban, Montauban-Bordeaux jusqu’aux années 73. Je m’étais dit que je me ferais cette belle machine d’après les plans de Monsieur Gardes qui l’avait fait au vingtième, celle-là étant au dixième. Mais au vingtième, dans le jardin, tu verras par les images, ça aurait fait un peu petit, loin, alors je m’étais dit « je vais faire une dimension assez conséquente pour avoir une bonne vision de la machine. Toujours pareil, dans l’objectif de revoir le passé. Quand j’ai commencé à faire la machine au 10ème, je commence à faire de petites expositions, je fais mon réseau dans le jardin, tout va bien, et puis passent des amateurs avertis qui me disent : « au 10ème, où est-ce que vous allez le faire rouler ? » et je dis « chez moi », « mais vous n’avez pas de réseau extérieur ! ». Et là je me suis dit que peut-être j’avais fait une bêtise ! Donc j’ai commencé à regarder bien sûr, et je me suis aperçu, à l’époque je n’avais pas internet, maintenant la chose serait beaucoup plus simple, et je me suis aperçu que j’étais vraiment égaré dans mon coin. Donc je me suis retranché sur le 5 pouces, l’échelle anglaise. Celle-ci, elle marche à vapeur, mais bon elle a quand même des problèmes de mise en chauffe qui me prennent beaucoup de temps, et ma patience me dépasse parfois, et donc je ne la mets pas souvent en marche, je l’ai mise une vingtaine de fois et puis après ça m’a suffi. Si, j’ai fait une expérience dans un salon, je l’ai mise en marche en extérieur pour dire que les amateurs de trains ne sont pas tous les mêmes. Elle faisait tellement de fumée, il y avait un courant d’air dans la salle d’exposition, et tout le monde a rouspété j’ai été obligé de stopper la machine, alors j’ai dit « ceux-là vont me décourager de faire marcher la machine » !

Et finalement, c'est une plus petite machine, que Michel met le plus souvent en chauffe.

Elle était à un ami, Paul Sandré, qui est décédé l’année dernière, avec qui on avait acheté la machine ensemble, c’est lui qui l’avait achetée et comme ils n’ont pas de réseau je la garde ici, je lui fais l’entretien quand je n’oublie pas, et là je vais la reprendre dans une petite exposition à côté de chez nous, il va y avoir les membres du club, de la Lanuéjouls qui vont participer à la machine. C’est une petite machine anglaise, une Polly fabriquée par Clark, qui a un avantage : mise en chauffe rapide ! Au point de vue mécanique, la machine n’est pas extraordinaire, mais par contre la marche est superbe, alors l’un compense l’autre. La durabilité, quand on veut tourner sur un circuit, on peut tourner pendant des heures, alors que la mienne, si je veux la faire tourner, j’ai du mal à la maintenir en chauffe pendant des heures entières, déjà parce que la chaudière est en acier, donc la mise en chauffe est plus longue, et l’autre est en cuivre, donc si vous perdez de vapeur, en cuivre vous remettez un peu de souffleur et ça repart aussi sec, en acier il faut remonter la température, c’est comme une chaudière chauffage central.

Pour les mois à venir, Michel a encore pas mal de projets pour continuer à améliorer son réseau, et pourquoi pas finir la construction d'autres machines à vapeur dont il a commencé l'assemblage.

Le prochain projet, c’est de finir d’améliorer le réseau, je voudrais faire une petite gare de gare dans le jardin, transportable, que je puisse rentrer l’hiver pour ne pas qu’elle s’abime, parce que j’ai eu l’occasion d’en voir quelques-unes, pas beaucoup mais avec les hivers ça s’abime toujours un peu alors je suis en train de réfléchir à comment je peux la faire : transportable, qui ait l’aspect d’une vraie gare, c’est un projet, il faut que ça me prenne la tête un jour et que je m’y mette, et puis j’ai deux ou trois machines à vapeur, si j’arrive au bout de les fabriquer. Pour le moment elles sont au stade de la fabrication, peut-être qu’un jour elles seront finies.

Et pour l'hiver, quand l'accès au jardin est moins agréable, Michel a trouvé une nouvelle occasion de s'occuper. Il a récupéré un réseau à l'échelle 0 d'une personne qui prenant de l'âge souhaitait s'en séparer. Il représente la ligne de Caunes-Minervois à Quillan. Comme il s'agit d'un réseau de bonnes dimensions, il restait à lui trouver une place. Finalement, dans son ancien atelier d'ébéniste, Michel a construit une mezzanine qui va pouvoir l'accueillir.

La semaine prochaine dans Aiguillages une toute autre destination, puisque je vous emmènerais dans les Vosges où nous découvrirons le dernier survivant des trains forestiers Français, le chemin de fer d'Abreschviller.

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